Le drôle de monde des cyclistes urbains
Qui sommes-nous ?
On connaît mal le cycliste urbain, d’autant qu’il aurait tendance à être protéiforme. Quel rapport entre l’adolescent sur son VTT qui file au collège, le cadre impeccable sur son vélo hollandais ou son VAE, la femme un peu bohème avec panier et siège bébé ou le sportif affuté sur son fixie ?
Il est néanmoins logique que le choix de se déplacer à vélo en ville n’englobe pas une seule et unique catégorie de population. On ne chercherait pas plus à définir le profil type de l’automobiliste urbain !
Les motivations de chacun sont également multiples, même si tous doivent apprécier le sentiment de liberté incomparable que procure le vélo en ville.
Un mode de déplacement en développement
Au siècle dernier, le vélo était un moyen de locomotion par défaut. On ne prenait pas sa bicyclette par conviction ou pour le plaisir de vivre au grand air, mais parce qu'on n'avait pas les moyens d'acheter une voiture. L'attrait pour le confort et le prestige de la voiture a relégué le vélo au rang des modes de déplacement ringards. Quelques hurluberlus persistaient à se déplacer en vélo, mais les chiffres confirment le désamour des urbains pour la petite reine : une chute de plus de 50 % de la pratique de 1976 à 1997.
Depuis les années 2000, l'usage du vélo en ville connaît un renouveau important (+ 33 % à Rennes entre 2000 et 2007, 50 % à Lille entre 1998 et 2006, 400 % à Lyon entre 1995 et 2006* sans compter Paris, qui rattrape son retard : + 300 % de pratique entre 1991 et 2001, une croissance de 97% du nombre de vélos sur les routes entre 2001 et 2007** et une croissance de 70 % de la part de vélos dans les déplacements entre juillet 2007 et juillet 2008 liée au lancement du Vélib). C'est une excellente nouvelle pour les cyclistes quand on connaît l'effet de masse critique, qui a constaté qu'une augmentation du nombre de cyclistes diminue les risques d'accident des dits cyclistes. On peut d'ailleurs ressentir sur le terrain que les automobilistes ou conducteurs de camions ou de bus semblent maintenant habitués à cohabiter avec les cyclistes en ville.
On ne peut qu'encourager les indécis à franchir le pas. En effet, d'après les dernières études disponibles, la part modale du vélo ne représente que 2,85 % des déplacements (mais c'est issu d'une enquête de 1993-1994, donc il reste de l'espoir !) alors que la voiture particulière représente 60 %. Lorsque l'on sait qu'un trajet sur deux en voiture fait moins de 3 km, à savoir 10 à 15 minutes en vélo, on se dit qu'on pourrait être plus nombreux à goûter au plaisir de pédaler en ville.
Des cyclistes aux visages multiples
Il est encore difficile de dresser un ou des portraits de la catégorie des « cyclistes urbains » car les études mêlent souvent les cyclistes occasionnels aux quotidiens, les pratiques de loisir aux déplacements utiles, l'usage en ville ou à la campagne.
D'après l'enquête FPS 2007, 46 % des cyclistes de 4 à 65 ans sont des femmes. L'homme est particulièrement représenté dans les pratiques sportives, mais aussi, à un moindre niveau, dans la pratique utilitaire. Mais on constate en ville que plus la pratique du vélo se développe, plus elle se féminise.
La part croissante de personnes possédant par ailleurs un véhicule motorisé montre que le déplacement en vélo résulte de plus en plus d'un choix volontaire que contraint (parce que pas de permis de conduire ou pas de voiture ou de scooter
).
Même si les « inactifs » (terme impropre en l'occurrence !) occupent toujours la première place, en englobant les collégiens, lycéens, les étudiants et les retraités, on note également la montée en puissance des cadres et professions libérales. Là encore, plus le niveau de pratique dans une ville est important, plus les répartitions sont homogènes parmi les actifs. Les moins représentés sont généralement les artisans, commerçants et chefs d'entreprise. On peut supposer que c'est à mettre en relation avec la nécessité de transporter des quantités importantes de matériel (même si les trajets domicile-lieu de travail/d'étude ne représentent que 30 % de l'ensemble des déplacements en ville !).
Des motivations communes ?
Le chercheur Frédéric Héran avait ciblé (dans un rapport pour l'ADEME en 1996) 7 types de cyclistes urbains suivant leurs motivations :
- le pragmatique, qui recherche un mode de déplacement souple et rapide, sans aléas liés aux encombrements
- l'économe qui cherche à réduire ses frais de transport
- l'écologiste qui veut préserver l'environnement
- le cycliste soucieux de sa santé, qui concilie déplacement et exercice physique (pour arriver en général aux 30 minutes d'activité physique recommandées chaque jour)
- le flâneur qui veut profiter de tout ce qui l'entoure
- l'individualiste qui ne supporte pas la promiscuité dans un bus, un métro ou un embouteillage
- le ponctuel qui souhaite arriver à l'heure au rendez-vous
On trouve sans doute un peu de toutes ces motivations dans chaque cycliste urbain.
N'hésitez pas à nous faire part de ce que vous appréciez dans le déplacement à vélo en ville, ou également ce qui peut vous irriter !
|
|